Le
Paris-Dakar, je crois qu'aujourd'hui plus ou moins tout le monde s'en
fout. En fait, j'en suis même sûr, et je n'invente rien
: les sondages éminemment représentatifs de journaux très
très sérieux tels que "20 minutes" le prouvent.
Heureusement, pour ceux que ça intéresse toujours, il
y a désormais la possibilité de voir Johnny Hallyday allumer
le feu sur les pistes et accessoirement faire le cake devant les photographes.
C'est beau le sport...
Quoi qu'il en soit, à une époque encore pas si lointaine,
il y avait un vrai buzz autour de cette manifestation mécanique,
et donc des sous à se faire sur son dos. Tout le monde se souvient
notamment du légendaire Big Run de Jaleco ("Jaleco !")
sur arcade, et de sa non-moins légendaire (pas pour les mêmes
raisons...) adaptation sur Super Famicom. Et bah deux ans avant tout
ça, les joueurs sur PC Engine avait déjà eu droit
à leur Victory Run qui, malgré une appellation relativement
semblable, n'a aucun lien de parenté avec le titre précédemment
cité.
La première chose à faire lorsque l'on a inséré
l'HuCARD, c'est d'inscrire son nom si l'on s'appelle Maï ou Luc,
ou alors seulement ses initiales si l'on s'appelle Alphonso ou Joe-Louis.
Il est ensuite possible de "customiser" sa voiture en attribuant
des points (vingt disponibles, que l'on distribue à loisir) aux
différents éléments qui la composent : pneus, embreillage,
moteur, suspensions et freins.
En voyant ces paramètres de personnalisation de la partie, on
se prend à rêver : sera-t-on amené à gérer
l'intégralité d'un carrière, avec une multitude
de challenges et de courses, le tout agrémenté d'un système
de sauvegarde permettant de profiter de l'ampleur de la chose ? Une
sorte de Super Monaco GP version rallye, en somme !... Mais bon, non,
en fait tout ça restera bel et bien du domaine du rêve,
ce qui semble finalement bien logique. Pourquoi ? Déjà
parce que 1987 est inscrit à côté du copyright,
mais aussi et surtout parce qu'il s'agit clairement d'un jeu sans prétention.
Plutôt que de voir Victory Run comme une simulation ratée
et minimaliste couplée à une jouabilité arcade,
il faudra donc davantage le considérer comme un simple jeu d'arcade
auquel on a ajouté quelques infimissimes éléments
de simulation. Et quand je dis "jeu d'arcade", il faut bien
comprendre "jeu d'arcade old-school", dans le genre Hang-On
ou Out Run. Les fans auront compris d'eux-mêmes que les zig-zags
à pleine vitesse sur routes étroites et les crissements
de pneus en plein virage seront de la partie. Quant à la boîte
de vitesse, elle sera une nouvelle fois la clé de la victoire
: attention tout de même, cela va légèrement plus
loin qu'une transmission binaire "Low / High", puisque c'est
quatre positions de levier qu'il faudra gérer ici.
Comme le veut la logique pour un Paris-Dakar, la première des
huit étapes du jeu se déroule à Paris, avec une
Tour Eiffel qu'on ne pourra pas rater. Un temps maximum est alloué
pour finir l'étape, mais une minute de retard est gracieusement
tolérée. Cela étant dit, c'est une minute pour
l'ensemble des huit courses : ça signifie que si vous perdez
40 secondes sur la première étape, vous n'aurez plus droit
qu'à 20 secondes de marge lors de la seconde course, et ainsi
de suite... Une fois cette minute de bonus consommée, c'est un
game over définitif et un retour immédiat à l'écran-titre.
Pour être honnête, et je le suis, Victory Run est un jeu
super difficile ! Et ça tombe bien car, sauf exceptions, je suis
également une belle chèvre aux jeux de course. Ceci explique
peut-être cela. Mais mince, quand même, si l'on veut arriver
jusqu'à Dakar, il va falloir s'entrainer comme un sagouin ! Et
ça, même en utilisant la minute de retard (qui n'est en
théorie qu'un bonus pour aider les loosers) !
Mais bon, que voulez vous, c'est un peu comme dans Hang-On : le chrono
est tellement short que chaque chute est grosso-modo synonyme de "Out
of time". On se crash d'autant plus souvent que le copilote est
inexistant, ce qui oblige à se réferer aux vagues panneaux
sur les bas-côtés pour prévoir les virages. Enfin,
histoire de rajouter du piment à un plat déjà bien
épicé, les pièces de la voiture s'usent au fil
des courses (plus ou moins selon les réglages réalisés
en début de partie) : bolide qui tourne n'importe comment, impossibilité
de passer les vitesses, etc etc...
Bref,
on en chie, et arriver dernier est déjà un grand moment
d'autosatisfaction (les derniers sont les premiers, tout ça...)
! Quant aux psychopathes de l'apocalypse qui désirent finir les
huit courses ET terminer premier au classement général...
hum... voilà quoi.
A côté de cet aspect "challenge", on se trouve
en face d'un de ces jeux de course de nos grands-mères, ma foi
plutôt pas désagréable à regarder, à
l'animation très speed et aux musiques audibles. On saluera au
passage les efforts qui ont été faits pour donner une
impression de relief aux routes.... et vu qu'on en est aux dédicaces,
un bon point pour la jaquette japonaise typée occident (ça
change !), ainsi qu'une médaille en chocolat pour la jaquette
US, une nouvelle fois fantastiquement hors-contexte.
Disposant d'un nombre de courses réduit, mais dont on ne fait
paradoxalement pas le tour en deux minutes, Victory Run est à
réserver aux pilotes qui s'accrochent à leur caleçon
et qui ne lâchent un jeu qu'une fois l'avoir fini.
Kabuki