VICTORY RUN
COURSE DE RALLYE
HUDSON SOFT
1987

Le Paris-Dakar, je crois qu'aujourd'hui plus ou moins tout le monde s'en fout. En fait, j'en suis même sûr, et je n'invente rien : les sondages éminemment représentatifs de journaux très très sérieux tels que "20 minutes" le prouvent. Heureusement, pour ceux que ça intéresse toujours, il y a désormais la possibilité de voir Johnny Hallyday allumer le feu sur les pistes et accessoirement faire le cake devant les photographes. C'est beau le sport...

Quoi qu'il en soit, à une époque encore pas si lointaine, il y avait un vrai buzz autour de cette manifestation mécanique, et donc des sous à se faire sur son dos. Tout le monde se souvient notamment du légendaire Big Run de Jaleco ("Jaleco !") sur arcade, et de sa non-moins légendaire (pas pour les mêmes raisons...) adaptation sur Super Famicom. Et bah deux ans avant tout ça, les joueurs sur PC Engine avait déjà eu droit à leur Victory Run qui, malgré une appellation relativement semblable, n'a aucun lien de parenté avec le titre précédemment cité.

La première chose à faire lorsque l'on a inséré l'HuCARD, c'est d'inscrire son nom si l'on s'appelle Maï ou Luc, ou alors seulement ses initiales si l'on s'appelle Alphonso ou Joe-Louis. Il est ensuite possible de "customiser" sa voiture en attribuant des points (vingt disponibles, que l'on distribue à loisir) aux différents éléments qui la composent : pneus, embreillage, moteur, suspensions et freins.
En voyant ces paramètres de personnalisation de la partie, on se prend à rêver : sera-t-on amené à gérer l'intégralité d'un carrière, avec une multitude de challenges et de courses, le tout agrémenté d'un système de sauvegarde permettant de profiter de l'ampleur de la chose ? Une sorte de Super Monaco GP version rallye, en somme !... Mais bon, non, en fait tout ça restera bel et bien du domaine du rêve, ce qui semble finalement bien logique. Pourquoi ? Déjà parce que 1987 est inscrit à côté du copyright, mais aussi et surtout parce qu'il s'agit clairement d'un jeu sans prétention. Plutôt que de voir Victory Run comme une simulation ratée et minimaliste couplée à une jouabilité arcade, il faudra donc davantage le considérer comme un simple jeu d'arcade auquel on a ajouté quelques infimissimes éléments de simulation. Et quand je dis "jeu d'arcade", il faut bien comprendre "jeu d'arcade old-school", dans le genre Hang-On ou Out Run. Les fans auront compris d'eux-mêmes que les zig-zags à pleine vitesse sur routes étroites et les crissements de pneus en plein virage seront de la partie. Quant à la boîte de vitesse, elle sera une nouvelle fois la clé de la victoire : attention tout de même, cela va légèrement plus loin qu'une transmission binaire "Low / High", puisque c'est quatre positions de levier qu'il faudra gérer ici.

Comme le veut la logique pour un Paris-Dakar, la première des huit étapes du jeu se déroule à Paris, avec une Tour Eiffel qu'on ne pourra pas rater. Un temps maximum est alloué pour finir l'étape, mais une minute de retard est gracieusement tolérée. Cela étant dit, c'est une minute pour l'ensemble des huit courses : ça signifie que si vous perdez 40 secondes sur la première étape, vous n'aurez plus droit qu'à 20 secondes de marge lors de la seconde course, et ainsi de suite... Une fois cette minute de bonus consommée, c'est un game over définitif et un retour immédiat à l'écran-titre.

Pour être honnête, et je le suis, Victory Run est un jeu super difficile ! Et ça tombe bien car, sauf exceptions, je suis également une belle chèvre aux jeux de course. Ceci explique peut-être cela. Mais mince, quand même, si l'on veut arriver jusqu'à Dakar, il va falloir s'entrainer comme un sagouin ! Et ça, même en utilisant la minute de retard (qui n'est en théorie qu'un bonus pour aider les loosers) !
Mais bon, que voulez vous, c'est un peu comme dans Hang-On : le chrono est tellement short que chaque chute est grosso-modo synonyme de "Out of time". On se crash d'autant plus souvent que le copilote est inexistant, ce qui oblige à se réferer aux vagues panneaux sur les bas-côtés pour prévoir les virages. Enfin, histoire de rajouter du piment à un plat déjà bien épicé, les pièces de la voiture s'usent au fil des courses (plus ou moins selon les réglages réalisés en début de partie) : bolide qui tourne n'importe comment, impossibilité de passer les vitesses, etc etc...
Bref, on en chie, et arriver dernier est déjà un grand moment d'autosatisfaction (les derniers sont les premiers, tout ça...) ! Quant aux psychopathes de l'apocalypse qui désirent finir les huit courses ET terminer premier au classement général... hum... voilà quoi.

A côté de cet aspect "challenge", on se trouve en face d'un de ces jeux de course de nos grands-mères, ma foi plutôt pas désagréable à regarder, à l'animation très speed et aux musiques audibles. On saluera au passage les efforts qui ont été faits pour donner une impression de relief aux routes.... et vu qu'on en est aux dédicaces, un bon point pour la jaquette japonaise typée occident (ça change !), ainsi qu'une médaille en chocolat pour la jaquette US, une nouvelle fois fantastiquement hors-contexte.

Disposant d'un nombre de courses réduit, mais dont on ne fait paradoxalement pas le tour en deux minutes, Victory Run est à réserver aux pilotes qui s'accrochent à leur caleçon et qui ne lâchent un jeu qu'une fois l'avoir fini.

Kabuki

 

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