Voyant le
packaging génialement grotesque de ce jeu, certaines personnes
pourraient être tenté de s'en désintéresser
complètement, avant même d'avoir pû juger du contenu
de l'HuCARD. Autant dire que ça serait une belle erreur, tant
ledit contenu est brillant. Si si, parole de Kabuki, Super Long Nosed
Goblin est brillant !... encore faut-il aimer les univers décalés
et les trucs un peu débiles.
L'histoire
du jeu, très rigolote, mérite que l'on y jette un oeil
: le malicieux renard Konni et sa copine Inari se rendent dans une caverne
sacrée, et y découvrent une porte scellée. Konni,
pas avare en conneries, décide de passer outre le sceau et de
voir ce que renferme la fameuse porte. Bien évidemment, on se
serait bien passé d'une telle boulette puisque voilà qu'il
libère le méchant Jikanda, seigneur tanuki, qui en profite
au passage pour kidnapper Inari. Bien embetté, Konni n'a pas
d'autre choix que de gravir la montagne et d'aller demander de l'aide
auprès du tengu sacré. A vous de récupérer
les douzes morceaux nécessaires à reconstituer le sceau,
et emprisonner Jikanda à jamais !
Le soft en
lui-même se présente sous la forme d'un shoot'em up horizontal
très original...et surtout carrément déjanté.
Déjà, il faut bien admettre que le héros change
de l'ordinaire : le joueur dirige en effet le tengu, avec son long nez
si caractéristique. Voilà qui nous change des vaisseaux
et autres robots de combat. La majorité des ennemis est elle
aussi sortie des classiques de la culture asiatique, avec les tanukis,
les hommes-tortues, etc... A ce propos, précisons derechef que
les boss de fin de niveaux sont tout bonnement fabuleux. Rien que les
deux premiers sont à pleurer de bonheur : un catcheur dégénéré
aux yeux lividement abrutis (et dont la tête représente
95% du corps) et un raton-laveur aux longues queues (notez l'utilisation
du pluriel... Si si, c'est bien ce à quoi vous pensez !). Merci
Taito !
En fait,
c'est tout bête, mais l'intégralité du jeu est d'une
rare qualité. Techniquement, le résultat est tout simplement
excellent, sans défaut aucun. Les graphismes sont hyper-beaux,
détaillés et agrémentés de couleurs pastels
qui pètent à la gueule comme jamais, les plans de scrolling
(scrolling qui, d'ailleurs, ne se contente pas d'aller bêtement
de gauche à droite, mais qui s'autorise parfois quelques petites
diagonales et autres facéties...) sont nombreux, et les sprites
sont juste massifs. En plus de ça, l'animation est sans reproche
(il y a bien quelques ralentissements ici ou là, mais rien de
réellement significatif), les musiques sont très sympas,
et la durée de vie est au rendez-vous. Il y a en effet un total
de six longs stages, d'une difficulté très bien dosée.
C'est d'autant plus vrai qu'un système de password, carrément
bienvenu, permet d'éviter toute frustration. Précisons
pour finir que quelques petits clins d'oeil (notamment à R-Type,
formidable !), items et bonus-stages cachés ici ou là
dans l'aventure permettent de renouveller un plaisir qui ne semble pourtant
pas en mesure de s'estomper. Décidemment, tout est vraiment parfait
!
Maintenant,
il semble évident que Super Long Nosed Goblin, aussi génial
soit-il, ne ralliera pas tout le monde à sa cause. Loin de là
même. Que voulez-vous, les gens sont parfois de gros conservateurs,
incapables de concevoir un bon shoot'em up sans une grosse dose d'aliens
tentaculoïdes et de batailles intersidérales. C'est la raison
pour laquelle ils préfèreront sans doute se jeter comme
des moutons sur Gate Of Thunder (excellent pas ailleurs), en
éclipsant totalement ce petit bijou de Super Long Nosed Goblin.
C'est bien dommage car, dans son genre, cette production Taito est incontournable.
Elle est même à mon avis bien meilleure que des titres
comme Magical Chase par exemple.
Si tout comme moi vous avez un faible pour les jeux gentiment débiles,
Super Long Nosed Goblin mérite sans problème son
statut d'achat prioritaire. Haut la main.
Kabuki