Strider,
ou l'Arlésienne des jeux vidéos sur NEC. Vous êtes un ninja espion chargé
d'infiltrer les lignes ennemies soviétiques (même si cela n'est pas
dit expressément). Là s'arrête le parti pris politique, pour laisser
la place à un jeu de plates-formes/action à la difficulté assez élevée.
Strider
évoquera aux nostalgiques leurs heures de bonheur passées devant le
coin-up ou devant leur Megadrive. Prévu il y a presque dix ans pour
tourner sur SuperGrafX, le jeu ne vit le jour très discrètement qu'en
1994 sur Arcade CD-ROM. Il est vrai que l'échec commercial de la SuperGrafX
avait stoppé les développeurs, qui ont vu dans cette fabuleuse extension
qu'est l'Arcade Card le seul moyen de le convertir correctement sur
PC Engine. Malheureusement, ce jeu culte de Capcom n'est guère à son
aise sur ce support.
Certes,
les graphismes sont aussi beaux que sur Megadrive (et parfois supérieurs)
mais là où le bas blesse, c'est du côté de l'animation. Elle n'est pas
d'une fluidité incroyable tout en restant acceptable, du moins tant
qu'il n'y a pas trop de monde à l'écran parce que, à ce moment là, on
a droit à la totale : ralentissements dignes des meilleures courses
de Steve Austin, clignotements rappelant le plus pourri des jeux NES
et autres effacements partiels ou totaux de sprites (" Mais put… !!
PAR QUOI JE ME SUIS FAIT TOUCHER ?!!!! "). A croire que le label Arcade
Card sur la jaquette est une erreur d'imprimerie. La maniabilité n'est
pas parfaite non plus et on a souvent des problèmes pour faire sauter
notre ami Hiryu. Toutefois, pour un fan de NEC, le jeu n'est pas désagréable
à jouer parce que, primo, il s'agit de Strider et que, secundo,
on l'aura attendu NOTRE version de Strider !!!
Elle
est globalement un peu meilleure que la version Megadrive ; mais ce
n'est pas la version ultime (pour ça, il vaut mieux se procurer la version
PlayStation). Au crédit de ce Strider Arcade Card, on peut signaler
deux stages supplémentaires originaux (pas très beaux, mais c'est déjà
ça), la bande son, et les quelques petites animations entre les scènes,
en simili 3D. Honnêtement, ce jeu est plus un collector qu'autre chose.
Il est bien sympathique mais ça ne va pas plus loin. Dommage car, avec
un peu plus de travail, l'Arcade Card aurait permis d'en faire une excellente
conversion, alors que là elle n'est que moyenne.
Olivier
La
voilà enfin la version PC Engine de l'un des plus grands jeux
d'arcade des années '80 ! Faut dire que l'on aura attendu cinq
ans pour avoir droit de jouer à ce chef-d'oeuvre Capcom, un paddle
NEC dans la main. C'est d'autant plus frustrant que le jeu avait été
annoncé très tôt sur la line-up des titres SuperGrafX,
et que les rares photos qui avaient filtrés étaient tout
simplement exceptionnelles. Sans cesse repoussée, la sortie de
Strider SGX a finalement été lamentablement abandonnée
(au même titre que des jeux tels que Galaxy Force II par
exemple...), au grand dam des adorateurs de cette console. Rageant,
surtout que la version Megadrive de Strider avait sû créer
l'évènement et que, du coup, les NEC-fans se sentaient
un rien lésés.
Le temps passant, on en a profité pour découvrir une fausse
suite sur micro : réalisé aux Etats-Unis par une équipe
complètement différente, ce Strider 2 n'a rien
à voir avec la quasi-perfection de son aîné, et
multiplie les bourdes de jouabilité ainsi que les idées
fumantes (Hiryu peut utiliser un pistolet... Il peut même se transformer
en robot : au secours !).
On passe sur l'hypothétique version Super CD-ROM2 (elle aussi
jamais sortie), pour finalement arriver en 1994 : NEC Avenue décide
enfin de doter sa machine d'une conversion de Strider. Mais attention,
pas un truc de taffiole, une version Arcade Card s'il vous plait ! Quitte
à le sortir tardivement, autant faire les choses en grand...
Passée
la douche froide du visuel de couverture, c'est chaud comme la braise
que l'on s'apprete à découvrir cet opus NEC, en espérant
secrètement y retrouver la qualité (au moins graphique)
entraperçue dans les quelques clichés SuperGrafX. Peine
perdue : on en est bien loin. Le résultat visuel est même
à mon avis nettement inférieur à ce que l'on peut
voir sur Megadrive. Une déception, surtout après tant
d'années d'attente... sans compter le fait que l'Arcade Card
est en renfort.
Ainsi, la palette de couleurs utilisée semble extrêmement
restreinte, d'où des teintes loin d'être toujours judicieuses
(à titre d'exemple, le sprite du héros a tendance à
changer de couleurs entre les stages : curieux...). De même, on
perd autant en finesse qu'en détails, et certains éléments
du décors ont dû
être grandement
simplifiés. Heureusement, ce n'en est pas moche pour autant,
surtout que le design incomparable du jeu reste intact : vive le néo-communisme
!
Là
où les choses commencent à se corser, c'est au niveau
de l'animation. Déjà, le scrolling n'est pas parfait,
mais c'est un moindre mal. On se trouve en effet confronté très
régulièrement à des assauts de clignotements hostiles,
qui font quand même un peu tâche dans un jeu de cette envergure.
Bien sûr, on était habitué à ce que le sabre
laser de Hiryu provoque quelques petites perturbations graphiques, mais
ici, ce sont bien plus qu'à de "petites perturbations"
auxquelles on a droit ! Pourtant, bizarrement, même si ça
clignote d'un peu partout, ce n'est pas super gênant et on n'y
fait au final pas trop attention. A croire que l'Amour rend aveugle...
Si
le jeu semble aussi moyen techniquement, on peut raisonnablement se
questionner sur le rôle de l'Arcade Card dans cette histoire.
En fait, mis à part dans de petites scènes-animées
modélisées en Computer Graphics (qui ressemblent à
ce que l'on peut voir dans Sapphire), on se demande encore où
peut bien passer la puissance supplémentaire octroyée
par la fameuse carte magique. A croire qu'un jeu avec des niveaux blindés
non-stop (comprenez "sans loading") de gorille mécanique
géant, de sprint en terrain miné, de générateurs
d'énergie et de balade en hélicos est infaisable sur un
simple Super CD-ROM2... Ah bah mazette, la voilà p'tet l'explication
!
Notons
au passage l'excellence des musiques, reprenant les thèmes cultes
de Strider avec la réorchestration qui va bien : tout
bonnement génial. Pour continuer dans les points forts, il est
indispensable de souligner la présence de petits dessins animés
intermédiaires, ainsi que d'un niveau supplémentaire (si
si !) : la classe ! Que les gagas de Strider ne s'excitent pas
trop pour autant, le stage en question (qui prend place dans le désert)
ne vaut en rien les originaux... mais c'est toujours ça de pris
! On appréciera d'ailleurs la correction de NEC Avenue qui, via
le menu d'options, permet d'activer (ou non) ce petit cadeau : la fidélité
à la borne n'en sera que davantage respectée.
Avec
le revival qui est en train de se produire autour de Strider
(Strider Hiryu 2 -la vraie suite- et Marvel Vs. Capcom
en tête), c'est l'occasion rêvée de (re-)découvrir
ce jeu mythique. L'adaptation PC Engine a beau être décevante
sur bien des points, elle conserve néanmoins le charme incroyable
de ce titre magique.
Kabuki