SNATCHER
DIGITAL-COMIC CULTE
KONAMI
1992

Attention, avec Snatcher, on entre dans le petit monde fermé des produits marquants de l'Histoire du jeu vidéo. Car oui, au risque de griller les étapes, je vous le dit comme je le pense : Snatcher est l'un des dix meilleurs jeux de cette décennie....et encore, je vois large. C'est également la meilleure production de son auteur, Hidéo Kojima, désormais célèbre de par le monde par l'intermédiaire de Metal Gear Solid, excellent jeu s'il en est...mais là, c'est quand même autre chose !
"Ok Metal, let's go !"

Je ne sais pas si vous avez vu ou lu "Blade Runner", mais l'univers de Snatcher s'en inspire beaucoup. Tellement d'ailleurs, que certains malandrins s'évertueront à cataloguer ce jeu comme un ersatz de l'œuvre de K.Dick : laissez-les tomber, ils ne méritent pas de jouer à un tel monument...
On se retrouve donc en l'an 2047, en plein Neo-Kobe, où toutes les ficelles des ambiances cyber-punk sont habilement exploitées pour donner vie à cette cité futuriste, ruinée par une mystérieuse explosion nucléaire ayant dévasté la planète cinquante ans plus tôt ("Akira" mon ami...). Le personnage que vous incarnez, Gillian Seed, bien décidé à connaître ses origines, s'engage en tant que J.U.N.K.E.R. (Judgement Uninfected Naked Kind & Execute Ranger), police spéciale assignée à la lutte anti-Snatcher. Après tout, qu'est ce qu'un Snatcher ??? Ca doit bien avoir son importance si le jeu s'appelle comme ça ! En fait, je vais encore faire appel à votre culture générale (hum...) puisque l'on peut grosso modo comparer un Snatcher à un Terminator, comprenez par là un exosquelette recouvert de tissus humains. Et pas n'importe lesquels : ceux de leurs victimes... Vous comprenez donc la menace qu'ils représentent puisque, pouvant prendre l'apparence de n'importe quelle personne (après l'avoir tuée, bien sûr), leur infiltration dans la société n'en est que plus facile... A vous donc de rôder pour essayer de comprendre leur mode de vie, où ils vivent, le moyen qu'ils utilisent pour ne pas être repérés aux radars...mais ce n'est qu'à la fin que vous découvrirez la manière par laquelle ils ont été conçus et... par qui.

Contrairement à beaucoup de Digital-Comics, on se trouve ici devant un jeu dont l'histoire ne souffre d'aucun temps mort : à peine un élément d'enquête découvert, un nouveau rebondissement éclate sans qu'il y ai la moindre platitude dans le déroulement du scénario. D'ailleurs, en plus de proposer une action ininterrompue, Snatcher présente une trame absolument grandiose, et qu'il est nécessaire de mener à son terme pour en comprendre toutes les subtilités qui n'apparaissent pas au premier coup d'œil. Le background des personnages est particulièrement étudié, l'atmosphère est remarquable, et la présence de certains personnages, tel le mystérieux chasseur de prime Randam Hajile, contribuent encore davantage à cataloguer ce jeu comme culte. Parfois romantique, parfois tragique, vous deviendrez familier avec des émotions que l'on a rarement ressenties en pratiquant un simple jeu vidéo.

Comme à son habitude, Kojima saupoudre son chef-d'œuvre de nombreux clins d'oeil aux produits de la marque et, en les découvrant, on a presque l'impression de faire partie de la famille Konami ! Alors bien sûr, le genre "Digital-Comic" a pas mal de réfractaires, mais je peux vous assurer que Snatcher est le meilleur, et haut la main. Assez statique, pas toujours merveilleusement beau, et parfois assez crispants musicalement, la réalisation n'en reste pas moins d'un excellent niveau : certains passages et mélodies ("One night in Neo-Kobe City", miam !) suffisent à clouer le joueur sur son siège; un joueur ravi qui n'en peut plus d'attendre le dénouement de cette fantastique enquête. Franchement, si vous êtes normalement constitué, vous deviendrez vite "addicted", et des 10 heures que représentent la durée de vie, vous n'en ferez qu'une bouchée. Extrêmement linéaire (vous ne pouvez sortir d'un lieu tant que vous n'avez pas fait la bonne action, ce qui devrait faciliter l'affaire des joueurs ne comprenant pas le Japonais... mais qui passeront à côté d'énormément d'éléments scénaristiques, ce qui gâche TOTALEMENT l'intérêt du jeu) mais en même temps passionnante, l'aventure se verra très rarement égayée par de petites scènes de tir en vue subjective, toutes très faciles...

Vous l'aurez compris, la passion se trouve sur votre PC Engine ! Si vous ne devez posséder qu'un seul jeu sur votre CD-ROM NEC préféré, c'est celui-là (et puis Tengai Makyô II.... Quoi, ça fait deux ?!) !!! Mais je le répète, il faut ABSOLUMENT parler japonais, sans quoi cette merveille perd tout son sens.

Kabuki

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