SLIME WORLD
ACTION / EXPLORATION
EPYX / MICRO WORLD
1990 / 1992

Yeah, sortir Slime World sur consoles NEC, c'est quand même la grande classe ! Car il faut bien avouer que pour toute une génération de joueurs alternatifs, il s'agit d'un produit culte, l'un des premiers (et aussi l'un des seuls, malheureusement...) jeux Lynx à avoir été reconnu par le "grand public" pour ses qualités techniques et son originalité. Et pour cause : un jeu d'action / exploration colorisé dans un monde slimique en constante mutation (merci les effets de zoom et de distorsion), ça change des trois pixels N&B de Batman sur GameBoy...
Bien sûr, ce n'est pas pour autant que la console d'Atari aura percée, mais qu'on ne dise pas, comme l'aiment à le répéter les gens peu informés, que "ah ouais, hé l'autre, la Lynx, j'en ai entendu parler, trop trop pourri, c'est Atari, trop à chier, ah ouais, ah ouais"... -soupir-
Quoi qu'il en soit, la Lynx restera bel et bien une machine mythique, malheureusement incomprise, et qui ne méritera d'être véritablement connue que par les fans de la première heure : là encore, le tri sera vite fait !

Ceci étant dit, retournons à nos moutons et à notre ch'tite PC Engine qui, dit comme ça, ne devrait pas trop de mal à faire tourner un titre Lynx, surtout que le format choisi pour l'adaptation n'est rien de moins qu'un Super CD-ROM2. Et pourtant, le paddle NEC en main, le résultat est bel et bien catastrophique ! Car c'était sans compter les capacités techniques surpuissantes de la console portable d'Atari, et plus particulièrement sur ses nombreuses propriétés gérées en hard. Sur PC Engine, pour bénéficier du même rendu, il aurait fallu tout reprogrammer à la main, ce qui, en plus d'être extrêmement lourd à gérer pour la console, n'était visiblement pas du goût des loulous qui se sont occupés de la conversion.
Tous les effets spéciaux, et notamment les distorsions démentes qui donnaient toute son ambiance visqueuse à ce jeu, disparaissent donc dans cette version PC Engine : scandale !

Mais le pire, outre cette substantielle -mais finalement logique- coupe, c'est que le jeu a bel et bien été programmé avec les pieds !
Déjà, la barre de menu/statut occupe à elle toute seule un tiers de l'écran, ce qui est pour le moins abusé, surtout lorsque l'on sait que le bouton "Select" aurait très bien pu faire l'affaire pour afficher les-dites infos.

Ensuite, plus grave, le jeu est franchement super-moche, et la fenêtre surdimensionnée évoquée ci-dessus n'arrange pas les choses. Les sprites sont tout petits, la mise en couleurs de mauvais goût et, on ne le répétera jamais assez, les effets spéciaux (les chutes du Niagara version slime, voilà qui valait le coup d'oeil !) manquent vraiment. Au passage, notez que le jeu se déroulant sur une planète totalement recouverte de slime, il ne faudra pas être allergique à la couleur vert-morve...
Mais là où on touche vraiment le fond, finalement, c'est bel et bien au niveau de l'animation. Mazette, à peine s'empare-t-on de la manette que le jeu commence à ramer ! Et encore, ce n'est rien par rapport aux scènes de combat, jamais avares en monstres kitschs, et qui se permettent carrément le luxe de ralentir ET de clignoter ! Il faut en effet savoir que chaque monstre rossé explose dans un feu d'artifices d'éclats qui sont autant de sprites supplémentaires à gérer pour notre pauvre PC Engine qui, sur ce coup, n'en demandait pas tant... Bref, l'horreur.
Seul point sur lequel NEC fait mieux qu'Atari : les musiques. Vu l'ensemble, on peut même dire que c'est de loin l'aspect le plus positif du jeu, et que le CD-ROM est bien mis à profit par l'intermédiaire de musiques synthés très entraînantes. A noter par contre que les bruitages sont restés quasiment tels quels, c'est à dire franchement mauvais.

Maintenant que vous savez qu'il ne faut pas acheter cette version NEC, on peut désormais préciser que Slime World est un jeu d'exploration dans de longues grottes recouvertes de slime du sol au plafond, et dans lequel on dirige un explorateur, le capitaine Todd, bien décidé à s'en mettre plein les fouilles en dépouillant la planète de ses trésors. Pour le joueur, cela se traduira par de longues salles et couloirs verdâtres, dans lesquels il faudra récolter les joyaux qui traînent, buter de l'alien, récupérer quelques bonus (power-up, mega bomb, jet-pack, ...), et finalement rejoindre la sortie. Dur dur !
Les six niveaux (accessibles dès le début, et donc jouables dans n'importe quel ordre) sont identiques à la version Lynx, et sont tous censés coller à une thématique ("Easy", "Logic", "Exploration", "Suspense", "Action", "Arcade"). Dans le niveau "Action" par exemple, les couloirs seront infestés de monstres à blaster alors que, au contraire, dans le niveau "Logic", il faudra réfléchir un minimum sans jamais avoir recourt à son arme... Mais finalement, quel que soit le stage choisi, on se rendra bien vite compte que l'on fait tout le temps la même chose, dans des décors minimalistes qui se ressemblent tous.

Il faut dire que le gros problème de Slime World sur Lynx se retrouve également dans cette conversion, à savoir que le jeu est extrêmement répétitif. Or, si sur Lynx le jeu avait su se créer un parterre de fans grâce à son aspect novateur pour l'époque, son mode multijoueurs et ses performances techniques, on ne pourra en dire autant de ce Super CD-ROM2 qui, que ce soit en 1992 ou en 2002, n'a pas franchement grand chose pour lui. A éviter tranquillement donc.

Kabuki

 

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