SHADOW OF THE BEAST
ACTION / EXPLORATION
PSYGNOSIS / VICTOR
1989 / 1992

Shadow of the Beast, avant même d'être un jeu mythique de la génération Amiga, c'est surtout une histoire tragique. Voyez vous-même : alors que vous n'étiez encore que bébé, vous avez été capturé par les "beast-mages", et transformé en monstre afin de servir docilement les forces du mal pendant le reste de votre existence. Le temps passe, jusqu'au jour où, par un concours de circonstances qui n'est évidemment jamais évoqué dans le scénario, vous découvrez le secret de vos origines. Il n'en fallait pas plus pour vous donner la haine -la vraie- et partir botter les fesses de votre maître, avec l'espoir de retrouver forme humaine...

Ce scénario, vous avez dû l'entendre un bon millier de fois depuis 1989, date de sortie du jeu sur micro. Je ne vous apprends donc rien.
Pourtant, avec cette version PC Engine et sa cinématique d'introduction inédite (en 1992 en tous cas, puisqu'elle sera reprise plus tard sur FM-Towns), les cinq premières lignes de ce test en prennent un coup puisque, si l'on y voit effectivement le héros se faire transformer en monstre, il n'est cependant pas bébé mais bien adulte. Un changement dont finalement tout le monde se fout, mais qui me permet de vous toucher deux mots sur cette petite scène d'intro : agrémentée de teintes sépias fort jolies, elle bénéficie également de sympathiques animations (ex. : un simili-morphing d'un "beast-mage" se transformant en nuage de vapeur) qui font plaisir à voir sur console NEC. Revers de la médaille : des temps d'accès disque qui tirent un peu en longueur, mais on n'a rien sans rien.

Passé cet agréable apéritif, on retrouve l'écran-titre habituel de Shadow of the Beast, et la magnifique musique qui va avec. De ce côté là d'ailleurs, il n'y a pas de soucis à avoir puisque les thèmes mythiques, ceux-là même qui ont contribué à faire du jeu la légende qu'il est, sont évidemment conservés et bénéficient de versions CD qui justifient bien que l'on dépense quelques menus deniers dans ce Super CD-ROM2. A ce propos, notons la présence remarquée d'un petit Sound Test, gâterie toujours appréciable lorsque les pistes sont de cette qualité.

Du point de vue des graphismes, la qualité est également au rendez-vous et, même si l'on ne retrouve pas la richesse visuelle de l'original (couleurs, scrolling, tout ça...), le résultat reste vraiment très bon. Le design assurément inimitable de l'univers Shadow of the Beast, que ce soit les décors ou le bestiaire, n'y est sans doute pas étranger.
Pour les fans de la marque au hiboux, précisons au passage que cette conversion n'a pas été réalisée par l'équipe de Reflections responsable du jeu Amiga, mais par d'autres coquins ayant notamment bossé sur Beast 3, les "faux" Barbarian 1 & 2, ou plus récemment Project Gotham Racing 2 chez Bizarre.

Au delà de toute cette débauche technique qui, plus que tout, à fait la renommé du titre, Shadow of the Beast reste sur PC Engine ce qu'il a toujours été, c'est à dire un jeu d'action mâtiné d'exploration. La jouabilité, dont la rigidité a souvent été critiquée, me paraît ici un peu plus souple, avec des timings moins exigeants. Il faut dire que Shadow of the Beast est un jeu réputé très difficile, et qu'il peut effectivement être assez décourageant de se prendre des salves de streums dans la face sans les avoir vu venir, ou parce que l'on a appuyé sur le bouton un millième de picoseconde trop tôt.

Du coup, pour venir en aide aux personnes qui continuent de partir vers la droite dès le début du jeu, les responsables de l'adaptation se sont permis quelques libertés, notamment en permettant au joueur de bénéficier de d'avantage d'énergie et de crédits. Forcément, ça facilite beaucoup l'affaire.
Cela étant, même sans ça, le jeu me semble quand même moins ardu que l'original, et donc finissable, pour peu que l'on s'investisse un minimum dedans. Pour info, en connaissant les maps grosso-modo par coeur, il ne faut que ~25 minutes pour le terminer, soit à peine le temps de savourer un bon plat de spaghetti-boulettes.
Quant aux joueurs qui ne feront pas l'effort de s'y mettre, dommage pour eux, ils rateront un générique de fin surprenant et décalé...


Pour conclure, et histoire de vérifier que Psygnosis n'a rien oublié sur la route de la conversion, jouons les maîtres d'hôtel et procédons au check-out : y a-t-il le design incomparable ? Oui. Y a-t-il les fantastiques musiques ? Oui. Y a-t-il les graphismes merveilleux ? Heu, oui, même si c'est pas l'Amiga hein. Y a-t-il la difficulté légendaire ? Non, mais ce n'est pas forcément un mal. Est-ce la meilleure version sur console ? Définitivement !

___________________________________________________________________________________________Kabuki




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