RAYXANBER II
Shoot'em up horizontal
Data West
1991

"Les screenshots qui vous ont fait le plus baver ?"
Une interrogation à la tournure bancale qui semble tout droit tirée du premier forum de jeu vidéo venu. Perso, si je devais répondre à cette question, je crois que c'est Time Soldiers sur Master System qui remporterait la palme. Certes, ce n'est pas très underground, mais bon on fait ce qu'on peut. Sega avait en effet fourbement mis en avant pour ses publicités la scène où l'on change d'époque, avec cet énormissime robot qui prenait bien la moitié de l'écran. Ce n'était évidemment pas du tout représentatif du jeu, mais ça, je ne l'ai su qu'après l'avoir acheté. Même chose pour le très culte Basketball Nightmare, avec toute la com' basée sur les scènes de dunk. Y a pas à dire, il était très fort le Maître Sega de l'époque.


Bref, tout ça pour dire que, comme tout le monde, j'ai bien bavé il y a quinze ans (!) sur les previews de Rayxanber II et ses photos complètement folles. Et là c'était bien du 100% "in-game", pas question de se faire feinter une nouvelle fois. Mais bizarrement, une fois débarqué dans les rayons étriqués de Shoot Again, l'accueil s'est révélé plutôt du genre tiédasse et, même aujourd'hui, rares sont les personnes à citer Rayxanber II (et encore moins son prédécesseur sur FM-Towns) dans les conversations de comptoir. Ou alors si, mais juste pour rappeler qu'il est super dur. Pourquoi tant de haine ?

Vu que sa réputation de titre archi-difficile le précède, commençons donc par là : oui, Rayxanber II est chaud-cacao, avec une mécanique de jeu "à la R-Type" basée sur la mémorisation des séquences d'ennemis. En gros, il faut en chier et persévérer pour avancer, petit à petit. Pourtant, ce n'est pas non plus un jeu radicalement impitoyable, dans la mesure où il y a deux check-points par niveau (un à mi-stage, l'autre au boss) et que l'on dispose de crédits infinis. Bref, pour peu que l'on ai du temps et une bonne dose de courage, "c'est possible" comme dirait le contrôleur de la rame n°37. Par contre, dans la mesure où les armes mises à disposition ne sont ni très nombreuses ni très spectaculaires, il vaudra mieux savoir esquiver. A ce titre, le vaisseau est heureusement équipé d'un 8-way booster permettant d'éviter un projectile mesquin d'un dash bien senti...

L'autre caractéristique de Rayxanber II, comme je vous le disais quelques lignes plus haut, c'est bien le standing de son visuel. Notez d'ailleurs que l'illustration qui orne la jaquette n'est pas un dessin ou une peinture mais bien un ensemble de 0 et de 1, ce qui prouve que les graphistes étaient plutôt sûrs de leur coup. Et ils ont eu raison les bougres, car on a déjà fait sacrément plus dégueu que ce Rayxanber II ! Certains passages sont évidemment plus réussis que d'autres, mais dans l'ensemble c'est de la haute-voltige, d'autant que le défilement est rapide et soutenu par de très nombreux plans de scrolling. Mais en fait, vu que Nekofan est désormais à la pointe du multimédia, avec vidéos et photos d'écran, je ne sais même pas pourquoi je perds mon temps à m'égosiller puisque vous pouvez vous faire votre propre opinion sur la question. C'est beau le futur.

Du côté des musiques, c'est rythmé et surtout en phase avec ce que l'on est en droit d'attendre d'un shoot'em up des années 90. Du bon boulot, comme toujours de la part de l'unique compositeur en charge des productions Data West. Au passage, un petit coup de coeur pour la voix digitalisée de l'écran titre qui justifierait presque à elle seule l'achat du jeu : pour faire court (et parce que vous pouvez aussi en profiter dans la Nekosession), elle semble avoir été enregistrée dans une soirée légèrement arrosée, d'où un résultat du genre "Rayxanber, ouais, olé !". C'est limite si on n'entend pas les verres de Mister Cocktail qui s'entrechoquent.

Tiens, et puisque l'on a mentionné rapidement le nom de Data West, précisons que si les amateurs de l'époque sacrée connaissent évidemment tous Data East, ce n'est pas forcément le cas pour son symétrique du nouveau western. Forcément, le nom prête à sourire, un peu comme ces marques de parkas qui se sont tirées la bourre à grand coup de "The North Face", "South Pole", "East Pole" (?!), et autres noms légèrement craignos.
Si le rayonnement de Data West a été aussi faible auprès de votre voisinage, c'est principalement parce que la société (aujourd'hui retirée du marché du jeu vidéo) a quasiment toujours privilégié des machines marginales en Occident, comme le PC-98, le FM-Towns ou la PC-FX. Ah, et bien sûr, on a aussi eu droit à quelques jeux PC Engine, et pas les plus pourris, avec donc Rayxanber II et III, mais aussi les conversions des volumes 3 et 4 de leur série d'enquêtes métaphysiques à succès, Psychic Detective. Autant dire de la qualité.

Clairement inspiré par R-Type, que ce soit pour le schéma de jeu, le module, le niveau 3 ou le côté organique de certains environnements (qui sera poussé davantage dans le troisième épisode), Rayxanber II ne dispose peut être pas de la pointe de génie qui alimente le feu sacré des fanatiques de shoot'em ups, mais il mérite néanmoins bien mieux que l'étonnant dédain qui lui a été réservé pendant ces nombreuses années.
Et en plus il rapporte un max' de points au Scrabble !
_____________________________________________________________________________________________________________________Kabuki

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