Avant sa sortie, Quest Of Jongmaster fut tout d'abord présenté
comme le premier jeu de rôle de la Neo-Geo. Une annonce extrêmement
excitante pour les joueurs, bien curieux de voir ce qu'allait pouvoir
donner un RPG à 1490 F ! A ce prix là, on avait effectivement
intérêt à se montrer un tantinnet exigeant quant
à la qualité (notamment la durée de vie !) du produit...
Finalement, et alors que des projets comme Magician Lord 2 n'ont
malheureusement jamais vu le jour (bouh !), Quest Of Jongmaster
sort en '94 dans l'indifférence la plus totale, sur format MVS
(les bornes d'arcade Neo-Geo). Inconnu de tous, le jeu n'a quasiment
jamais été importé en France, et on comprendra
bien vite pourquoi.
Début '95, le titre débarque sur consoles NEC, boosté
aux hormones "Arcade
CD-ROM"...
Les
versions Neo-Geo et PCE baignent dans le même univers, avec la
même héroïne, les mêmes régions, les
mêmes personnages, etc... La seule différence, et elle
est de taille, c'est que le principe même du jeu a sensiblement
évolué entre les deux versions.
En
effet, les programmeurs se sont sans doute rendu compte qu'il était
vain de proposer un aspect RPG dans un jeu destiné aux salles
d'arcade. C'est la raison pour laquelle Quest Of Jongmaster sur
Neo-Geo ne se trouve être finalement qu'un bête jeu de mahjong
comme on en a déjà vu des billions : je taille le bout
de gras avec mon adversaire, je le bats au mahjong, je rencontre un
autre adversaire, etc...
A
côté de ça, Quest Of Jongmaster sur PC Engine
se révèle être un jeu de mahjong scénarisé,
avec l'aspect RPG que l'on espérait trouver dans la version Neo-Geo.
On est bien loin de certains titres du même genre, totalement
directifs et parfois un peu culculs, où l'on enchaîne machinalement
duels sur duels avec des bunny-girls et autres femmes assez avares en
tenues vestimentaires (mais où sont donc passées les pretty
women qui ne juraient que par le shopping ???). Les petits coquinous
seront sans doute déçus. Cela ne veut pas dire pour autant
que Quest Of Jongmaster est le jeu le plus pudique de la galaxie
: le déshabillage est quand même un minimum de rigueur.
Pas de panique, ça reste super-light, et ne va pas au delà
de la petite culotte. Dans un éternel souci de Démocratie,
précisons quand même que les joueurs féminins ou
gays ne devraient pas trouver chaussures à leur pied dans la
mesure où seules les femmes se sont vues donner le droit d'apparaître
en petites tenues -la PC Engine serait-elle destinée aux mâles
hétérosexuels ?!-.
Comme
dans un RPG classique, on rencontre des villageois avec lesquels parler,
ainsi que des boutiques où l'on peut faire ses emplettes. Il
est également possible -et recommandé-, avant un affrontement,
de faire le plein de sorts magiques, offensifs ou défensifs,
très utiles pour perturber la nana d'en face. Bien évidemment,
à chaque fois que vous gagnez un match, vous ramassez des points
d'expérience, avec la montée de niveau que cela implique.
Il y a donc un aspect aventure (simpliste certes) dans cette version
NEC, même s'il ne sert finalement qu'à introduire les différents
adversaires...
Pour
les personnes allergiques aux jeux de rôle, il est de bon ton
de signaler la présence d'un mode Versus (jouable uniquement
en solo) permettant de faire des parties de majhong totalement indépendantes
du reste du jeu : on choisi son adversaire parmi ving-huit donzelles
(dont cinq cachées), et zou, le match commence.
Tout
semble donc assez radieux pour ce Quest Of Jongmaster sur PCE,
d'autant plus que la réalisation est brillante (même si
on peut se demander ce que vient faire l'Arcade Card dans cette histoire...).
Les graphismes sont vraiment très très fins (la résolution
utilisée se rapproche de celle de Ys III), les sprites
bien mastocs, l'animation ne pose pas de problèmes, et les musiques
sont très bonnes. Le bonheur !... ou presque. Car inutile de
le nier, Quest Of Jongmaster est réservé à
une supra-élite de joueurs. Et quand je dis "supra-élite",
c'est genre moins de 0,0000001% de la population française.
Pour savoir si vous faites partie de ce petit panier de privilégiés,
faites le petit test wizz suivant :
1)
Possédez-vous une console PC Engine équippée d'un
lecteur de CD-ROM ?
a- OUI -------> allez directement en 2)
b- NON -----> allez directement en 6)
2)
Possédez-vous une Arcade Card ?
a- OU I-------> allez directement en 3)
b- NON -----> allez directement en 6)
3)
Parlez-vous couramment le Japonais ? -ça se complique...-
a- OUI -------> allez directement en 4)
b- NON -----> allez directement en 6)
4)
Connaissez-vous les règles du Mahjong sur le bout des doigts
? -aïe !-
a- OUI -------> allez directement en 5)
b- NON -----> allez directement en 6)
5)
Beau gosse ! Tu peux te laisser tenter sans problème tonton !
6)
Bye bye, circulez, y a rien à voir : oubliez Quest Of Jongmaster
!
Voilà
qui fait donc pas mal de conditions pour apprécier cette production
à sa juste valeur. D'autant plus que la notice est loin d'être
très bien conçue.
Déjà, et ça frôle l'évidence, l'intégralité
du jeu est en japonais, sans icône aucun (ce qui peut devenir
très gênant dans les magasins). Mais plus encore que la
barrière de la langue, c'est la barrière du Mahjong qui
va vous calmer clair et net : n'espérez pas avancer dans l'aventure
si vous ne captez pas un cachou à ce jeu (qui est même
desormais considéré comme un sport par le gouvernement
chinois) ! En gros, mieux veut être non-japonisant et pro en mahjong
que japonisant et inculte en majhong... le top -et finalement indispensable-
étant évidemment d'être japonisant et mahjong-sensei.
Et ne faites pas d'amalgame chimique avec un jeu comme Shanghaï,
les règles n'ont strictement rien à voir et sont ici sensiblement
plus compliquées. Il y a bien un mode "Advice" censé
aider les novices à jouer la bonne pièce au bon moment,
mais il ne peut en aucun cas se substituer à une connaissance
rigoureuse des règles. Ainsi, si l'on se contente de suivre à
la lettre les conseils prodigués, il est tout bonnement impossible
de battre son adversaire.
Un titre extrêmement sectaire donc, qui donnerai presque envie
de voter CGT tant il nous fait revivre la lutte des classes... mais
version 2K1 cette fois.
Kabuki