LA VALEUR
RPG
KOGADO
1989 / 1991

"La Valeur", en voilà un nom qui a la classe... surtout pour un jeu entièrement réalisé par des Japonais ! C'est d'ailleurs ça qui est bien avec ces gars là : il suffit d'avoir un nom français pour tout de suite booster sa côte de popularité. Comme quoi, porter un nom aussi impersonnel que "Pierre Dupont" ou "A nous Paris" peut parfois comporter quelques avantages...
Quoi qu'il en soit, il y en a bien deux ou trois qui sont intéressés par la valeur de La Valeur, non ? Qu'ils en profitent pour m'envoyer un mail me félicitant de ce calembour génial...-sic-

La Valeur (on ne m'otera pas de l'esprit que ce nom est résolument fameux...) part avec un sérieux désavantage, commercialement parlant : il est l'oeuvre d'une boîte complètement inconnue (pourtant, à titre d'exemple, Kogado a développé les Super Schwarzschild ainsi que -comme me l'a fait très justement remarquer un lecteur- Miracle Warriors sur Master System) ! Il n'est en effet nullement question de Red Company, Enix ou SquareSoft, pour ne citer que quelques noms célèbres. Pas facile dans ce cas de partir à l'assaut du monde (ou tout du moins du Japon), même lorsque l'on jouit d'un support CD pas si courant pour l'époque, et brillant de mille éclats. Assurément un gros dossier pour Kogado.

On n'en conviendra sans trop de mal, La Valeur est un jeu très moche. Et sur ce point, personne ne me contredira. Pas très détaillés ni colorés, les graphismes rappellent davantage Golden Axe Warrior sur Master System que Emerald Dragon ou Gulliver Boy. Les sprites sont également un peu minus, les décors parfois très vides, bref, pas de quoi sauter au plafond, loin de là. Ca sent même légèrement le moisi cette affaire...
C'est d'autant plus dommage que l'intrigue générale du soft ne permet en aucun cas de lui faire sortir la tête de l'eau : on revient plusieurs siècles en arrière, dans le royaume de Vethlugos, où tout va bien, le soleil brille, les oiseaux volent, et "Gameplay RPG" n'existe pas : le bonheur !... jusqu'au jour où le royaume du mal surgit de nulle-part, et fout un bordel pas possible sur tout le pays. A vous de diriger le jeune et impétueux Alan qui, sous ses faux-airs d'Adol, doit rétablir l'ordre et la justice dans la contrée, et en profiter pour aller sauver la princesse emprisonnée dans la fameuse tour maudite. Et malgré tant de classicisme, le père Alan devra tout se taper alone, à la Dragon Quest premier du nom, sans le moindre comparse pour se joindre à sa cause : à lui toute la gloire... mais aussi toutes les embûches !

Inutile de le nier, question difficulté, La Valeur place dès le début la barre très haut. Pour plusieurs raisons. Déjà, il faut savoir que les points d'expérience s'engrengent très lentement, et qu'il va falloir bastonner sec pour se satisfaire d'un savoureux "Level Up !". Ca n'aurait pas été gênant si les ennemis n'avaient pas été aussi farouches. Le pire, c'est qu'à l'instar de Final Fantasy VIII, la difficulté des combats s'adapte continuellement au niveau du joueur : les monstres ne deviennent pas plus costauds, juste plus nombreux ! De ce fait, on ne se sent jamais vraiment à l'abris... L'utilisation des objets de soins n'est pas possible lors des phases de combat, ce qui implique d'être bien équipé en magies blanches si l'on souhaite excéder les cinq secondes d'affrontement. Il peut être également utile de savoir qu'il existe trois façons différentes de frapper son adversaire (trancher, percer et taper : à vous de faire le bon choix en fonction du type d'arme que vous utilisez), ce qui fait office de petite originalité dans un jeu qui en est quand même légèrement dépourvu.
En gros, on en bave parfois (rien de surhumain, heureusement) pour avancer. D'un autre côté, le jeu n'étant pas très long, ceci explique peut-être cela...
Pour en finir avec le registre des freins à la progression, précisons une fois de plus que le jeu est intégralement en japonais. Heureusement, vu que les menus sont simples et le scénario assez creux, les moins doués en langues étrangères ne rateront pas grand chose. En plus de ça, les objets ont la bonne idée d'être représentés sous forme d'icônes, à la Ys : champagne ! A partir de là, arriverez-vous à deviner que la lampe sert à se frayer un chemin dans la caverne plongée dans l'obscurité ?

Toujours dans les bons points, La Valeur peut se targuer de proposer une chose pas si courante dans les RPG à base de CD-ROM : l'absence totale de loadings lors de l'apparition des combats. Un plus très appréciable. Les combats en question se présentent une fois de plus en vue subjective, sur fond noir. Il n'y a donc pas grand chose à afficher, et heureusement que l'on n'attend pas dix secondes à chaque affrontement pour admirer un tel spectacle.
Notons également que les musiques sont vraiment bonnes, avec une utilisation assez réjouissante de cuivres qui rappelle certains films d'héroïc-fantasy tels que "Willow". Par contre, excusez-moi l'expression, mais les bruitages sont véritablement à gerber : "biliiii", "pouet", "paf"... C'est vraiment nullissime à ce niveau là et, plus grave, devient réellement crispant lorsque, toutes les cinq secondes, un bruit stridant annonciateur de combat vient vous aggresser les cages à miel.

Hop, et bah en voilà un long test pour un jeu si modeste ! Et oui, il y en a pour tout le monde chez Nekofan qui, on ne le répétera jamais assez, est LE site de la Démocratie vidéoludique. Que cette autoproclamation gratuite ne me détourne toutefois pas du patient du jour : La Valeur est un très petit RPG, sympathique et sans aucune prétention, on ne peut plus conventionnel avec ses forêts, elfes et autres chateaux, mais qui souffre de la comparaison évidente avec les ténors du genre. Et lorsque l'on s'appelle Tengai Makyô II, des jeux comme La Valeur, on en boulotte matin, midi et soir.

_______________________________________________________________________________________________________Kabuki

 

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