Kaze Kiri est un jeu de ninja. Pas étonnant
donc de le voir tapis dans les buissons et les fougères, loin
des carrés VIP et d'Amanda Lear. Resté dans l'ombre des
autres jeux d'action de la PC Engine, il s'agit pourtant d'un titre
jouissant d'une (très) bonne réputation
auprès des joueurs l'ayant approché. Certains pigeo...
heu, FANS américains n'hésitent d'ailleurs pas à
débourser une somme rondelette pour en récupérer
un exemplaire alors que, je vous rassure, il suffit de se baisser pour
en ramasser à la pelle, et pour une dizaine de roubles qui plus
est. Pas de doute, les voies du wanabeesmes sont bel et bien impénétrables.
Lorsque l'on parcourt la notice du jeu,
on est agréablement surpris par le nombre de protagonistes
présenté, s'imaginant au passage une histoire aussi riche
que blindée en rebondissements. Autant vous prévenir tout
de suite : c'est tout l'inverse. Le script -qui tient sur une feuille
de PQ- rappelle donc davantage Coppula que Coppola mais, à bien
y réfléchir, ce n'est pas si grave car Kaze Kiri étant
un bon gros jeu d'action qui tâche, il n'a pas besoin de ça.
Bon, pour les 2~3 curieux du fond, voici quand même la ligne du
scénario : la princesse Shizu s'est faite enlever par un scélérat
, et c'est à vous, Kaze Kiri, ninja de votre état, d'aller
la sauver. Oui, ça va loin.
Lorsque le jeu démarre, on a tout d'abord droit à un écran
de présentation me rappelant -sans trop savoir pourquoi mais
non sans un certain délice- Kenseiden. Chic. Ensuite, la magnifique
séquence d'introduction, très très belle, remarquablement
animée et designée, nous conforte dans l'idée que
le staff de Naxat Soft (à peine une dizaine de personnes pour
ce jeu) ne s'est une nouvelle fois pas foutu de nous. Re-chic.
Lancé dans la ninja-action, le joueur aura tout loisir de maîtriser
les différents mouvements dont est affublé le héros
: course, tacle, pirouette avant & arrière, accrochage, coups
de katana, shurikens... Une beau petit panel d'actions, auquel vient
s'ajouter la sympathique mais un peu inutile magie Ninjitsu qui permet
de se volatiliser pendant quelques secondes. Attention néanmoins
: l'utilisation de cette magie ou des shurikens entame votre jauge de
vie.
Beaucoup de gens pensent que Kaze Kiri
est un jeu d'action avec des phases de plates-formes, d'où des
comparaisons parfois cocasses avec Dracula X. Pourtant, il faut bien
comprendre une chose : là où le titre de Konami est un
peu comme Dove, avec de l'action en guise de savon et un zeste de plate-forme
en guise de crème hydratante, Kaze Kiri joue lui plutôt
la carte du Pousse Mousse, 100% savon. Ainsi, les sauts ne servent pas à grimper
sur des arbres ou à passer de murets en murets. Non, ici, si
l'on saute, c'est pour éviter une attaque mesquine ou balancer
un coup de pied aérien à l'adversaire, rien d'autre.
D'ailleurs, le """level-design""" résume
bien cet état de fait : chaque niveau est une simple ligne droite.
Voilà, c'est dit, quitte à ce que les architectes n'achètent
pas ce jeu.
Ceux qui ont survécu à la phrase de clotûre du paragraphe
précédent ne peuvent ainsi plus nier l'évidence
: Kaze Kiri est bien une sorte d'ode pc-enginienne au légendaire
Kung-Fu Master, sorti 10 ans plus tôt dans nos chères salles
d'arcade. Ce constat devient encore plus clair une fois atteinte la
deuxième moitié du jeu, où l'on doit alors monter
un à un les étages du temple maudit, la princesse captive se trouvant évidemment
au sommet.
Après tout ce qui vient d'être dit, difficile de faire
passer Kaze Kiri pour un jeu subtil. Ca tombe bien, il ne l'est pas.
Chacune des 19 étapes (que l'on peut grosso-modo regrouper en
5 stages plus ou moins épais) consiste à avancer tout
en rossant du ladre, sachant que le boss n'apparaîtra pas tant
que vous n'en n'aurez pas tué suffisamment.
Beaucoup d'épreuves donc, mais la difficulté générale
est pourtant étonnamment faible : pour preuve, je viens de me
faire une petite partie avant d'écrire ces quelques lignes, et
je n'ai perdu qu'une vie pour en voir le bout. A noter tout de même
que, à la manière de The Super Shinobi, deux fins différentes
sont disponibles, selon le sort que vous réservez à la
princesse...
Au chapitre de la technique, rien à redire. Les graphismes sont
en particulier réellement excellents, avec notamment de gros
sprites, bien animés qui plus est. Niveau décors, les
scrollings différentiels sont omniprésents, oscillant
entre 3 et 6 plans, excusez du peu. Dommage juste que certains environnements
semblent plus ou moins se répéter au fil du jeu.
Enfin, point de vue bande sonore, rien de symphonique ou d'une pureté
cristalline, mais seulement un efficace mélange entre musiques
traditionnelles nippones et beats synthés entraînants,
typiques du 90's spirit.
Puissamment linéaire et assez largement primitif, Kaze Kiri,
loin d'être un incontournable, n'en reste pas moins plutôt
agréable à jouer ; suffisament en tous cas pour ne pas
être jeté en pâture au Ninjaware.
Kabuki