GÖTZENDIENER
"Real Action RPG"
Gainax / NEC H.E.
1994

"Vous les femmes, vous le charme. Vos sourires nous attirent, nous désarment."
Hier 8 mars (eh oui, ça fait dix plombes que cette page est dans les cart... est en ***work-in-progress***) c'était la journée de la Femme. Avec un tel évènement, impossible pour moi de proposer un petit article sur Happy Rabbit, comme prévu initialement. Changement de programme donc, avec Göden.. Götzden... Götzendeni.... GöTzenDienER, "real action RPG" recommandé par le mouvement "Ni putes Ni soumises", rien que ça.

La minute informative du jour nous vient de ce
merveilleux dictionnaire, qui apprend à tous ceux qui n'ont pas fait Allemand première langue que "Götzendiener" est un terme signifiant "païen", ou encore "adorateur de faux dieux". Tout un programme, et je sens déjà se manifester les premières vapeurs chez les Spinoza de comptoir. Et pourtant, miracle, ce Super CD-ROM² est bien le Carbone 14 prouvant que "jeu avec (sous-) titre en Allemand" ne rime pas forcément avec "jeu chiant" ! Et pour cause : le scénario, incroyablement peu présent pour une production partiellement étiquetée "RPG", est pour le moins on ne peut plus banal, avec le classique dilemme de la princesse à sauver. Le héros (qui s'appelle très pudiquement... "héros") part donc à l'assaut du château maudit, histoire de sauver la petite Misa d'un destin tragique.
Luttant tant bien que mal pour atteindre le sommet de l'édifice, notre brave homme arrive finalement à pourfendre le maître des lieux, sous les yeux de sa belle, enchaînée au mur comme le voulait la coutume de l'époque. Le monstre est mort, le mal est rompu, la liberté a repris ses droits : THE END.
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Voilà, normalement c'est pile à ce moment que tous les relous du web montent sur leur table et crient au scandale et au "spoiler" (terme idiot du Jeu Vidéo moderne, utilisé à tort et à travers par tout bon forumeur qui se respecte) : "bouuuuuuuh le naze, jetez-lui des cailloux !"
Mais en fait, si je vous ai si joyeusement "gâché" la fin de Götzendiener, c'est surtout parce que c'est le début. Genre the end is the beginning is the end. A moins que ce ne soit the beginning is the end is the beginning. Bref. Toute la scène évoquée précédemment ne constitue en effet que l'introduction du jeu, celui-ci ne démarrant réellement qu'au moment où notre héros, après avoir donné le coup de grâce au terrible monstre, succombe à ses blessures et s'écroule à son tour.
Une princesse fraîchement libérée et deux cadavres sur le carreau : joli tableau et sacrée mise en bouche, aussi originale que remarquable.

Vous l'aurez compris de vous même : l'objectif est d'aider la jeune Misa à s'évader de la forteresse. Sauf que trois heures plus tard, on se retrouve déjà à l'extérieur. La princesse est sauve, les murs de cette prison de pierre sont loins, la liberté a repris ses droits : THE END. Encore.
Décidemment plein de ressources, Götzendiener prend une fois de plus le joueur à revers, avec ce nouveau retournement de situation. Le seul souci finalement, c'est que ce retournement de situation n'en est pas un, la scène-animée de clôture et le staff-roll attestant bien du fait que cette fois ce n'est pas pour de la fausse. SHOCK !
Une durée de vie "proche du Nirvana" donc, faisant de ce titre le parfait compagnon des aventuriers (très) pressés.

Cela étant, n'importe quel sexologue vous le dira : être court n'empêche pas d'être bon. Et Götzendiener en est la preuve vivante (ou presque).
Orné du macaron "Gainax" (cf. Nadia, Evangelion, Princess Maker, ...) qui n'aura pas échappé à l'oeil du fan avide, Götzendiener bénéficie du travail en amont de ce fameux studio ; travail qui se traduit par une atmosphère adulte et un univers très personnel, le tout saupoudré de quelques trop rares scènes animées plutôt léchées. Sobre, voire austère parfois, l'ensemble rappelle davantage les jeux occidentaux de l'époque ST/Amiga que les habituels ambiances japonaises typées mangas & co..
Création originale et exclusive à la petite console de NEC, il est agréable de voir que ce titre témoigne d'un réel investissement de la Gainax, contrairement aux versions PCE de Nadia ou GunBuster pour ne citer qu'elles.

Au delà de ce sympathique background, on se retrouve avec une aventure en 3D isométrique rappelant, non sans un certain émoi, le mémorable The Immortal. La représentation graphique est claire, affûtée, sans fioritures, avec des formes géométriques simples et des angles plus vivants que morts, histoire que personne ne se perde dans cet environnement tout en perspective. A noter cependant que l'on nous impose l'utilisation des diagonales et non des quatre directions cardinales du paddle, ce qui n'est pas forcément le summum de l'ergonomie.
Ce petit bémol mis de côté, c'est le carton-plein pour cette vue de 3/4, très fonctionnelle, peu commune sur PC Engine, et qui continue de différencier un peu plus Götzendiener des autres titres sur ce support. Dommage que la partie sonore ne soit pas au diapason, les musiques, bien qu'acceptables, auraient méritées d'être lues directement sur le CD...

Sur le fond, la progression présente des faux-airs de Prince of Persia, en privilégiant la réflexion à l'action. Que ce soit en actionnant des mécanismes quelconques ou en utilisant des sorts magiques contextuels (ex. : exploiter la flamme d'une bougie pour balancer un firaga et ainsi brûler une porte), il faudra en effet faire fonctionner ses méninges pour sortir de ces nombreux dédales. Rien de très compliqué cependant, même les recalés au brevet des collèges ont leurs chances, c'est dire.
Histoire de pimenter tout ça, quelques monstres nauséabonds viendront se frotter à votre décolleté au détour des couloirs, dans des combats basiques et relativement anecdotiques.

Doté d'un scénario pratiquement inexistant (ou pratiquement pas doté de scénario, si vous êtes du genre à voir le verre à moitié vide), avec notamment une quasi-absence de textes/dialogues (inutile donc de s'appeler Junichiro Koizumi ou Lothar Matthaus pour en profiter), Götzendiener propose une aventure étonnamment abordable. La durée de vie quand même assez ridicule et le système de jeu en 100% temps-réel, sans aucun inventaire ni interface de gestion de son personnage, abondent en ce sens.
Une aventure kleenex très réussie et accessible, conseillée aux joueurs novices et/ou ne désirant pas s'investir des heures durant dans un RPG pure souche. On pourra même le recommander aux filles tiens !

______________________________________________________________________________________________________________________Kabuki

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