A la simple vue du visuel de couverture,
on pourrait penser que Dynastic Hero est un jeu de série B créé
par une équipe de programmeurs débutants. Il faut avouer
que la police d'écriture pas très sérieuse, le
design assez approximatif des personnages et l'apparente pauvreté
de l'ensemble laissent vraiment planer des doutes quant à la
qualité intrinsèque du jeu.
Heureusement, dès que l'on apprend qu'il s'agit d'un titre signé
Hudson Soft, on est déjà un peu plus rassuré...
Et lorsque l'on apprend finalement qu'il s'agit de l'adaptation sur
Super CD-ROM2 du cultissime Wonder Boy V - Monster World III, là,
on a carrément la super-honte d'avoir douté !
Pour mémoire, rappelons que Wonder
Boy V est l'avant-dernier épisode de la série et est initialement
sorti sur Megadrive en 1991. Les fans de l'époque s'en souviennent
sans doute : le jeu avait notamment fait parler de lui en raison de
son nouveau système de protection qui l'empêchait de tourner
sur une console française avec adaptateur. Il aura ainsi fallu
attendre des adaptateurs plus puissants, des puces, ou tout simplement
la sortie de la version européenne (intitulée Wonder Boy
In Monster World) pour que tout un chacun puisse en profiter.
Après une version Master System qui en aura surpris plus d'un,
le jeu débarque enfin (1994) sur support NEC, en faisant péter
le Super CD-ROM2 pour l'occasion. Notez que, pour le coup, vu la différence
de formats (cartouche ==> CD-ROM) et le temps qui sépare le
jeu d'origine et sa conversion PCE, on peut se permettre d'être
exigeant.
Ca commence d'ailleurs plutôt bien, avec une petite scène
d'introduction inédite (pas forcément exceptionnelle mais
qui a le mérite d'exister) et surtout un générique
chanté (pas forcément exceptionnel non plus mais vous
connaissez la suite...). Cependant, lorsque l'on commence à avancer
dans l'aventure, on se rend vite compte que finalement le jeu n'a subi
que très peu de modifications par rapport à la version
MD. Les vrais fans de Wonder Boy, qui ont déjà forcément
fini le jeu sur la 16-bit Sega, ne seront donc pas ensevelis sous les
surprises. Remarquez que si les deux versions avaient été
totalement identiques, j'aurai dit "aucune modification" et
non "très peu" : on peut donc quand même s'attendre
à du neuf, même s'il est parfois bien planqué.
On aurait effectivement pu descendre dans
les rues pour se foutre des chaises dans la gueule si les musiques n'avaient
pas été réorchestrées pour le format CD
: heureusement, on évite le pugilat car Hudson ne s'est pas foutu
de nous ! Cela va même plus loin qu'une simple réorchestration
puisque qu'à de rares exceptions près, les thèmes
ont tous été complètement modifiés. Bon,
je ne veux pas jouer les lourds, mais je dois quand même avouer
que les nouvelles musiques ne sont pas forcément meilleures que
les anciennes. Cela étant dit, la pureté de l'instrumentation
fait bigrement honneur au CD-ROM et la qualité de l'ensemble
reste excellente, au dessus de tout soupçon. Le thème
de la plage, bien débile comme il faut, vaut même carrément
bien le coup !
D'un point de vue purement graphique, on notera également que
des plans de scrolling ont disparus et que surtout les personnages principaux
ont été relookés. Ainsi, si le héros et
ses jackpotos se voient accoutrés de combinaisons insectoïdes,
les boss sont quant à eux tous transformés en gros reptiles...
Dit comme ça ça peut faire peur et, effectivement, le joueur un tant soit peu amateur de
bon goût ne pourra que préférer les anciens looks
aux nouveaux, ce qui fout toujours un peu les boules. Ainsi, des personnages au charisme pourtant acquis
tels que le nain Hotta ou le fantôme Shappo se retrouvent remplacés
par Falco l'homme-sauterelle ou Ripley la femme-abeille qui, s'ils jouent
le même rôle dans l'histoire, n'inspirent malheureusement
pas la même sympathie. Du coup, l'ambiance en prend pour son
grade.
Niveau durée de vie, soyons concret : à l'époque
de la sortie de la version Megadrive japonaise, j'avais bien dû
mettre une petite quinzaine de jours pour le terminer, en me disant
que la durée de vie était tout à fait correcte
(d'ailleurs, spéciale-dédicace au Magical Wonder Band,
sans qui je serai sans doute encore en train de chercher la très
invisible porte balnéaire !).
Bon, en fait, plusieurs années
plus tard, un ami m'a avoué qu'il se l'était refait d'une
traite en une matinée. En prenant en compte les critères
de durée de vie actuels, je pense que vous êtes assez grands
pour en tirer les conclusions qui s'imposent... Pour les gens souhaitant
exploiter leur jeu à 2500%, notons tout de même qu'il est
possible de prolonger quelque peu l'aventure en partant à la
pêche aux cristaux magiques parfois bien cachés.
Sur le principe, Dynastic Hero reprend
grosso-modo ce que l'on a pû voir dans Bikkuriman World ou Adventure
Island sur la même machine, à savoir un jeu d'action mâtiné
d'une bonne dose d'aventure et de nombreux passages de plates-formes.
Pour le coup, on pourra même le comparer à Ys III, afin
que définitivement tout le monde sache de quoi il en retourne.
Dans tous les cas, on ne se prend pas la tête en jouant à
Dynastic Hero, notamment grâce à la jouabilité admirablement
réglée et à l'équilibre des genres, qui
frôle la perfection.
De plus, contrairement à de nombreuses
productions sur PC Engine, Dynastic Hero est un jeu tout à fait
accessible pour les non-japonisants : l'histoire est en effet suffisamment
simple (avec le bon vieux 4-hit combo "héros/déesse/princesse/dragon"
des familles) pour ne pas avoir l'impression de rater grand chose, et
l'aspect relativement linéaire de la progression limite les pertes
d'orientation. Attention tout de même à un unique passage,
celui du Sphinx, où les énigmes purement textuelles demandent
des connaissances en langue nippone... ou une bonne dose de chance.
Pour information, le jeu est ici testé dans sa version japonaise,
mais une adaptation américaine est également disponible.
Pour des raisons d'ambiance, de contexte vidéoludique et surtout
de coeur, on ne pourra que logiquement préférer le merveilleux
Wonder Boy V à Dynastic Hero. Mais que les personnes n'ayant
pas connu la version Megadrive ne fassent pas la tronche pour autant
: cette adaptation PC Engine, bien que sans grande surprise et légèrement
dénaturée, n'en reste pas moins à la hauteur et
donc grandement recommandée à tous les éleveurs
de champions !
Kabuki