 |
DRAGON
KNIGHT III
|
RPG
|
Elf
/ NEC Avenue
|
1994
|
|
Aaah,
Dragon Knight III, tout un symbole, toute une génération
: celle de l'import sauvage, de la déferlante manga, et plus
généralement d'une joyeuse effervescence culturelle
que l'on ne reverra pas de sitôt. Nom d'une pipe, Ino', reviens
!
Si
vous aussi vous avez connu le temps où il fallait faire une
queue de trois kilomètres pour entrer chez Tonkam, vous en
êtes !
A peine le Super CD-ROM2 lancé, l'introduction typique des
Dragon Knight démarre, accompagnée de sa fameuse musique
mystérieuse et de sa voix digitalisée qui va bien. Après
tout, on ne change pas une équipe qui gagne.
Après les aventures de Strawberry Fields forever et Phoenix
vus dans les deux précédents épisodes, on retrouve
donc avec plaisir le brave Takeru dans cette nouvelle histoire. Sauf
que là, surprise, on va enfin pouvoir coller un sprite à
ce prénom puisque, ça y est, Dragon Knight est passé
full-RPG. On n'est pas loin de l'incident diplomatique vis à
vis des fans de la première heure, mais à une époque
faste où les DQ / FF s'écoulaient par wagons et où
surtout n'importe quel RPG de cinquième zone pouvait encore
espérer se vendre à plusieurs centaines de milliers
d'exemplaires, on peut déjà se considérer heureux
qu'Elf n'ait pas succombé plus tôt. Reste une simili-trahison
pour les amateurs de Dungeon-RPG à l'ancienne, et un arrière
goût de suspicion... vite balayé puisqu'au final tout
le monde a accueilli ce troisième chapitre avec la correction
qu'il convient, c'est à dire les bras ouverts et la bave aux
lèvres.
Pas de blabla inutile, en deux minutes le décor est planté
avec notre héros qui se fait dépouiller de tous ses
biens. Et quand je dis tous, c'est tous, c'est à dire aussi
bien ses bijoux, son épée en platine que son vieux slip
à pépites. Le héros de la Légende est
donc un jeune homme à poil, exposant sa zigounette à
tous les passants. J'aime.
Votre première mission consiste donc à mettre la main
sur les pillards, histoire de sauver ce qu'il peut vous rester d'amour
propre. Les retrouvailles se font dans l'auberge du village, où
l'on portera au passage secours à une première donzelle,
sur le point de se faire légèrement attraper sur une
table par la bande de lubriques affamés. Fier comme Artaban
et kékette au vent, vous intervenez, histoire d'éviter
la première tournante de l'Histoire.
Vous apprenez alors que les malandrins sont à la solde d'un
démon qui, en l'échange de sa protection, leur demande
de féconder les jeunes villageoises de sa semence
mystique. Un scénario digne d'un film Troma, qui nous rappelle
à quel point les RPG de l'époque avaient leur intégrité
pour eux.
Rapidement, vous acceptez de débarasser le village de cette
racaille, découvrez au passage que le chef des bandits est
finalement lui-aussi un démon qui déclare vous connaître
-vous et votre mère-, découvrez encore que le maire
du village est lui-aussi-aussi un démon, apprenez que les bijoux
que l'on vous a volés sont dotés de pouvoirs magiques,
récupérez au passage un médaillon qui permet
d'arrêter le temps mais vous affaiblit mystérieusement
... et tout ça en à peine une demi-heure. 1994 en force,
gros !
La
bonne nouvelle, c'est que ce scénario n'est pas un prétexte
pour mater des shagasses. Ce sont les shagasses qui sont un prétexte
pour le scénario ; un habile appât pour donner au joueur
l'envie de voir plus loin. Certains n'hésiteraient sans doute
pas à vous dire que "cela témoigne d'une belle
maîtrise du game-design", mais bon, je n'en ferais rien,
je ne suis pas vendeur de tartes à la crème.
Si Dragon Knight III ne suit pas la structure du jeu hentaï de
base programmé par trois otakus (Takashi qui dessine le cast
de jeunes coquines aux gros lolos, Clad128 qui imagine les positions
olé-olé, et Sn@_@ke qui gribouille sur un coin de table
le semblant de scénario pour enrober tout ça vite fait),
c'est tout simplement parce que ce n'est pas un bête jeu hentaï
pur-jus et minimaliste, mais bien un vrai RPG dans lequel on a échangé
les princesses pudiques et les villageoises banales par des nanas
quand même un peu plus dévergondées et motivantes.
Graphiquement, les """cut-scenes"""
et les gros-plans sur les pin-ups sont majestueux. Evidemment, serais-je
tenté de dire. Aucun risque de tomber sur un cageot dans Dragon
Knight III, toutes les nanas sont de pures bombes atomiques virtuelles,
de celles que votre arrière-petit-fils matera en secret dans
les FHM et autres Maximal du XXIIIème
siècle. Et vu que les programmeurs n'avaient plus assez d'argent
pour leur dessiner des vêtements décents, on se retrouve
au final pour cette version PC Engine avec des images toujours coquines
et suggestives, mais aussi toujours très correctes, sans réel
vice ou perversité. Du bon jambonneau plus que du vulgaire
cochon, en somme.
Au delà de ces moments de bravoure fripons qui font toute la
popularité de Dragon Knight, je me permets de préciser
que les phases de combat (en vue subjective à la Dragon Quest)
sont elles aussi tout ce qu'il y a de plus satisfaisantes, même
si les teintes verdâtres trahissent la conversion micro/console.
Ok, je sais, tout le monde s'en fout et veut voir les meufs, mais
bon, oh, faut bien faire semblant hein. Les phases d'exploration sont
de leur côté assez minimalistes mais offrent en contrepartie
une limpidité qui vaut bien tous les artifices du cosmos. A
noter quand même que si les voix digitalisées sont excellentes,
les musiques restent plutôt anecdotiques.
Oh, et je vous ai gardé le meilleur pour la fin : le contrôle
multidirectionnel du personnage. Rapide, coulant comme du miel et
d'une souplesse quasi-inouïe. De loin l'élément
le plus jouissif du jeu, écrasant de toute sa sensualité
360° les gros nichons des nanas 01, ourg'l !
Peu
complexe dans son interface ou scénario, Dragon Knight III
ne nécessitera pas un Master de japonais pour progresser ;
une aubaine pour ceux qui comme moi ont préféré
étudier le portugais. L'enchaînement des évènements
est certes parfois un peu aride, mais garantit en contrepartie un
excellent rythme de jeu. Davantage fourni et varié que Dragon
Knight I et II qui pouvaient paraître un peu à l'étroit
dans leurs donjons, ce troisième volet se permet d'aller beaucoup
plus loin dans l'humour voire la parodie, gratifiant le joueur de
certaines scènes assez mémorables, comme cette visite
chez ce Petit Chaperon rouge qui ne cache pas forcément ses
pains bagnat dans sa besace. Miam !
Drôle,
éminemment sympathique et assez différent de Donkey
Kong 3 dont il ne partage finalement que les initiales, Dragon Knight
III est un titre faisant preuve d'un bel esprit de détachement,
loin du sérieux commun à trop de RPG. Pas de message
ou de morale particulière ici, mais uniquement une aventure
solide agrémentée de références aux anciens
épisodes, un héros léger et des donzelles mamairement
intelligentes. Mais plus que tout, c'est un beau représentant
de la "NEC difference" qui sévissait dans le petit
monde du videogames consoleux du début des 90's ; le genre
de productions héritées de la micro-informatique nippone
et impensables en l'état sur SFC et MD.
En un mot comme en mille : ENCORE !
_____________________________________________________________________________________________________________________Kabuki
|