A tout seigneur tout honneur,
commençons par attirer votre attention sur la jaquette de ce
jeu, absolument somptueuse. En effet, c'est peut-être difficilement
visible sur le scan ci-dessus, mais il s'agit d'un espèce de
bricolage mélangeant dessins, pâte à modeler, résine,
papier-cadeau et paillettes. Génial !
Cette petite parenthèse passée, signalons que pas mal
de possesseurs de Master System doivent se souvenir de Cloud Master,
sympathique shoot'em up horizontal sans prétention, sorti un
peu tardivement. Et bah le revoilà quasiment tel quel sur PC
Engine ! Enfin quand je dis "quasiment tel quel", j'exagère,
car les programmeurs de Taito ont quand même opéré
à une petite mise à jour graphique et sonore, histoire
d'être davantage en accord avec le jeu d'arcade original sorti
en 1988 sous le nom de Chuka Taisen -tout court-. Reste que si
vous étiez frappa-dingue de la version Sega, vous pouvez immédiatement
arrêter de lire ce test et foncer illico vous procurer cette HuCARD
: vous ne serez pas déçu. Quant aux autres, méfiance
: l'atmosphère du jeu étant assez spéciale, il
ne plaira clairement pas à tout le monde.
En effet, Cloud Master fait partie de cette catégorie
de jeux légèrement... cosmiques. Absolument rien de choquant
ou de déplacé pour autant (surtout si vous êtes
un habitué de la console de NEC), mais juste un style assez atypique.
De ce fait, étant donné que beaucoup de personnes détestent
cette orientation pro-bizarrerie, il est de bon ton de les prévenir.
Ici, pas d'infrastructures intergalactiques ou de super-starships. Non,
dans Cloud Master, les ennemis sont des bols de riz et de ramens,
des pâtés chinois, des cochons hostiles, des fashion-bouddhas,
et pleins d'autres bestioles sorties tout droit des cuisines de Mémé
et des croyances shintoïstes.
De votre côté, sur votre pote le nuage, vous aurez une
demi-douzaine de stages à franchir, ce qui ne sera clairement
pas une partie de plaisir car, si blindé d'équipements
on arrive à s'en sortir, ce n'est pas vraiment le cas lorsque
l'on se retrouve tout nu (à méditer...). Cloud Master
souffre en effet d'un mal que mes potes chanteurs belges appellent "cocoon
crash" : ainsi, dès que l'on perd une vie, on se retrouve
à poil, démuni de la moindre puissance de feu. Et à
partir de là, outch, autant dire que l'on ne tarde pas à
perdre toutes ses vies ! Le fait que les ennemis arrivent parfois du
bord gauche de l'écran sans prévenir contribue à
rendre l'arrivée du "Game Over" encore plus imminente...
Sous ses airs de shoot'em up idiot et enfantin, ce jeu de Taito opposera
donc une résistance plutôt inattendue, ce qui ne manquera
pas de plaire aux hommes-paddle.
Niveau réalisation, c'est du propre. Graphismes plutôt
sympas, animation sans reproche, et musiques garanties "Asie Inside"
(les habitués du jeu Master System seront assurément contents
de retrouver le fameux thème du premier stage !) : à ce
niveau là, tous les gens un tant soit peu "open" devraient
en avoir pour leur argent. Pour les sceptiques, précisons que
les affrontements contre les boss se déroulent dans un magnifique
décors aux cinq plans de scrolling, excusez du peu.
Comme
cela a déjà été évoqué précédemment,
Cloud Master est un jeu de tir à l'ambiance un peu débile.
De ce fait, il doit faire face à la concurrence farouche des
nombreux jeux de ce style qui sévissent sur PC Engine. Et c'est
là que le bat-blesse légèrement. Car si Cloud
Master est un jeu vraiment agréable, il n'est quand même
pas à la hauteur des ténors de la crétinerie :
loin d'être aussi quasi-parfait que Parodius, complet que
Super Long Nosed Goblin, ou funky-gay que Chô Aniki,
Cloud Master ne pourra remplacer les titres précédemment
cités dans le coeur des joueurs.
Du coup, on ne pourra conseiller Cloud Master qu'aux riches-pédants
qui ne peuvent se contenter de la crème, ou alors tout simplement
aux curieux qui veulent apprécier les à-côtés
de la scène. Ceux-là n'auront pas forcément tort...
Kabuki