BULLFIGHT
RING NO HAJA
Boxe
Creative Amusement
1989

Bigre non, ce "combat de taureaux" n'est pas un simulateur de toréador ! Heureusement, avec un sous-titre comme "le champion du ring", inutile de sortir de Polytechnique pour mettre y voir clair : BullFight est un représentant du Noble Art, ce qui ne veut pas dire que le jeu vidéo est un Art hein, pas ici, PITIE. Non, ça veut juste dire qu'on se trouve tout bêtement devant un jeu de boxe, avec tout ce que cela sous-entend d'uppercuts dans la gueule et de directs du gauche. On laisse donc tranquillement son cerveau au vestiaire et on se contente de prendre le plaisir comme il vient.
Fans de Bénichou, ce jeu est pour vous !

Sorti en 1989, soit pendant la pleine période des jeux de boxe "nouvelle-vague" (Final Blow, Final Round, ...), BullFight est le Volume 1 débarqué des locaux Creative Amusement. D'ailleurs, la grande question du début des 90's était justement de savoir si Cream allait atteindre le top, ou au contraire rapidement s'arrêter. A la vue du palmarès plus d'une décennie plus tard, je crois que la réponse est toute trouvée.
Il faut avouer que sur le plan des graphismes, pas la peine d'avoir l'oeil du tigre pour se rendre compte que notre petite HuCARD ne tient pas un seul round face au sculptural Final Blow de la console d'en face. La valeur-ajoutée Cream se fera donc plus sur le fond que sur la forme, avec des petits agréments dignes du supplément noisettes de chez Häagen-Dazs.

En l'occurrence, le mode "Champion" se présente comme une belle adjonction carriériste au classique mode "Survival" (= un simple tournoi par pool, auquel plusieurs joueurs humains peuvent participer), puisqu'il faudra y gérer sa progression et gravir u
n à un les échelons de la gloire, de l'entraînement dans le gymnasium pourri jusqu'au titre de Champion du Japon, Champion d'Orient, ... le climax étant évidemment la ceinture suprême de Champion du Monde.
Mais avant d'en arriver là, on passe évidemment par la sélection de son étalon : parmi les huit bellâtres à disposition, on remarque tout de suite un clone de Hulk Hogan... qui au final ressemble quand même sacrément à Jean-Claude Dus. Adjugé vendu, pas la peine d'en dire plus. Vient ensuite la sélection de l'entraîneur : là encore, l'éclectisme est de rigueur puisque l'on a le choix entre Monsieur Propre, Jojo le yakuza, Willy le Borgne et autre Chester Copperpot. Des choix de carrière plutôt impactants pour le reste du jeu puisque chacun des boxeurs/coachs dispose de prédispositions en puissance/stamina/rapidité.

Ces préliminaires derrières nous, on peut alors enfin enchaîner les combats, le tout entrecoupé de quelques scènes de training sympas permettant d'augmenter ses statistiques, et de passwords en japonais heureusement pas trop longuets (une petite quinzaine de caractères).
Une fois entre quatre cordes, on retrouve des sprites de taille respectable mais un public tristement immobile. L'animation des sportifs, comme souvent pour ce genre de titre, fonctionne par à-coups : un petit pas en avant, un punch, un petit pas en avant, ... Le jeu de jambes est donc clairement à revoir, heureusement il nous reste la panoplie de coups de poings qui, de son côté, assure les grands classiques : esquive, garde, direct du gauche, droite, uppercut, crochet, et bien sûr la technique secrète -dîtes de l'ours polaire- qui consumera quand même 80 points de stamina. Dommage que les directs fonctionnent suffisamment bien pour être tenté de n'utiliser qu'eux (cette phrase est-elle française ?).

L'autre mode de jeu, "Fighting", s'inspire davantage des scènes d'entraînement lorsque Rocky, en bon baroudeur qu'il est, se forge à la dure dans les rues de Philadelphie. J'aurais d'ailleurs pas craché sur un petit bonus-stage à frapper des sacs de barbacs dans une chambre froide, mais bon...
Dans la forme, chaque niveau se décompose en deux phases : un beat'em up à progression dans lequel on récupère des ronds pour s'acheter une licence et, une fois le précieux sésame en sa possession, le face à face sur ring, similaire à ce que l'on peut trouver dans le mode de jeu principal.
Mais en fait, pour les programmeurs, il s'agissait surtout d'un gros prétexte pour manger à tous les râteliers et proposer, en plus des combats de boxe, un challenger pour l'un des titres phares de l'époque : Vigilante. Difficile en effet de ne pas penser au héros à la salopette lorsque l'on voit notre brave type faire ses petits coups de savate baissés, à l'ancienne. Cela étant, d'un point de vue qualitatif, pas la peine de s'exciter hein, on reste plus proche de My Hero que de la gemme Irem. Et encore, je suis sacrément dur avec le coolos My Hero, car il faut bien avouer que ce mode "Fighting" est quand même plutôt du genre achtung baby, avec notamment une jouabilité assez stupéfiante de rigidité (on ne peut même pas sauter en avançant, les nazes). L'animation est elle aussi plutôt funky, avec le cou du sprite principal qui se découpe à chaque pas, histoire de simuler le balancement de tête. La classe.
Bref, un mode "bonus" plutôt sympa sur le papier, mais qui en pratique fait un peu mal à la tête tant il est peu jouable. Reste le concept, définitivement à creuser, du Champion du Monde punk-sauvageon qui rackette les bas-fonds pour payer sa licence "poids-lourd" au Liddle du coin.

Dans l'ensemble, et malgré le panier de bémols sus-cités, Bullfight est plutôt une bonne adresse pour les fans de Final Blow, un peu lésés sur PC Engine. Pour les autres, il reste le merveilleux Rocky de la Master System. Mais attention, sans auto-fire, je n'ai jamais réussi à battre Drago, et bordel c'est pas faute d'avoir essayé ! De là à penser qu'en boxe il faut tricher pour gagner, il n'y a qu'un pas ! Heureusement, la fin de "Rocky IV" est là pour nous remettre dans le droit chemin et nous prouver que Justice et Honnêteté triomphent toujours. Y a même des mecs qui s'amusent à en tirer des "
dossiers analytiques". Avec des citations de Trotsky quoi, excusez du peu !....... D'ailleurs à ce propos, mais qui a fait tuer Léon Trotsky ??? On ne sait pas, mais en tous cas les yankees s'amusent à Varsovie, c'est déjà ça de pris.

Bref, vu qu'à Nekofan on aime aussi les citations, laissons le mot de la fin à la publicité BullFight de l'époque : "Une fois que vous aurez choisi votre entraineur, le combat pourra commencer. Il vous faudra faire preuve d'une grande ténacité pour vancre tous les adversaires que vous rencontrerez dans la rue ou sur un ring".
Merci Sodipeng, vous aussi vous vancrez !

_____________________________________________________________________________________________________________________Kabuki